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Une rue dans tes oreilles

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Terre

Dans une autre vie, il a eu des milliards d’amis…

Dans une autre vie
J’ai eu des milliards d’amis
Qui revenaient, le torse bombé, de conquérir le Nord
Ou qui remontaient le Sud, à la recherche de réconfort.

Peut-être que vous avez déjà vu mes amis régner sur la nuit 
S’éparpiller rue Saint-Denis ?

Tout commençait toujours vers la fin de l’après-midi
Au Chemin Gilford
C’est ici qu’on trouvait le répit

Et qu’on se partageait la chance.

Il y en avait qui étaient chanceux en cigarettes

D’autres en restants frettes de poutines.
Moi, mes amis savaient que la chance, c’est pas une science exacte
Et qu’avant d’amorcer le grand voyage, il fallait aussi embarquer la ruine.

Mes amis jouaient toujours sur leurs cuisses mille et une chansons
Manquaient leurs réveils, mais jamais d’imagination.

De cannette en cannette, le soleil descendait
Et au milieu du spectacle, nos rêves se décidaient.

« Un jour, toi là pis moi là, on va descendre… On va descendre au Mexique ! »
« Heille, heille, heille ! Tu le sais que je t’aime toi, hein ? »
« Alors demain, si tu veux, je te montre pour de vrai c’te fois à jouer de la musique ! »

Dans une autre vie
J’ai eu des milliards d’amis

Ceux qui donnent des noms aux étoiles orphelines

Les champions du monde, les explorateurs
Les alchimistes, poètes cascadeurs.

Entre les vagues, mes amis se parlaient beaucoup
Se serraient, s’embrassaient 
Et se prenaient par le cou

Jusqu’au jour

Où le soleil s’est levé
Et qu’au milieu des grimaces gercées
Les promesses se sont mises à faner.

Ce jour-là, les oiseaux se sont remis à chanter
Ce jour-là, les vampires ont arrêté de rêver
Et se sont confondus en fumée.

On était cinq, quatre, tout à coup, on était trois
L’angoisse est restée avec moi, on n’était plus que deux.
Elle m’a dit en cachant la balle entre ses yeux :
« Suis-moi. Suis-moi pis je vais t’emmener là où je te promets que le jour se lève pas. »

Ce jour-là, je lui ai tourné le dos et je me suis jamais retourné.
J’ai suivi la trace des possibles et celle d’un écolier
Qui sifflait en chantant. On a tapé du pied.

Dans une autre vie
J’ai eu des milliards d’amis.
Ceux qui continuent de parler de toutes sortes de pays
Alors que tout reste encore à bâtir ici.

 

Balado 1
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